WILLIAM CLIFF
Epopee
Traduzione di Stefano Serri
Isbn: 978-88-99274-15-3
Pp. 290, € 12
Raramente un titolo riassume meglio un’intera opera (pur se copiosa e variegata) come riesce William Cliff con il suo Epopee. In trentadue poemetti l’autore compendia temi e motivi dei suoi testi precedenti: le scorribande amorose, i viaggi, i ricordi autobiografici. La narrazione epica ed enciclopedica di una vita si arricchisce così di una preziosa galleria di ritratti, luoghi, incontri con scrittori e libri (Ferrater e Perros, Pascal e Proust), epifanie della terra e liturgie della carne (“a corpi fusi fummo i creatori / di un mostro informe ma con due cuori”). Insieme alla lode del corpo maschile, prosegue in questo libro l’elogio del viaggio come strumento di conoscenza: a piedi, in barca, in treno o su una scassata due cavalli, seguiamo l’autore da Gembloux, paese natale, fino alla lontana America. Nulla di eroico, nei fatti minimi annotati da Cliff: ma il tono elegiaco è rischiarato da un’insolita tonalità affermativa, a tratti quasi trionfale. Epopee è infatti un’esortazione a credere nella scrittura e alla sua capacità di ridare un valore anche al tempo mai ritrovato: “perché non un’ora sia perduta […] che ognuno scriva la propria vita!”.
“Il Leopardi del marciapiede”: così Claude Roy definisce William Cliff (al secolo André Imberechts), poeta belga classe 1940. Autore di lingua francese, fu segnalato giovanissimo da Queneau e strinse un’intensa amicizia con Gabriel Ferrater, autore che tradusse e al quale dedicò molte pagine. Dal 1973, anno dell’esordio poetico con Homo sum, Cliff ha coniugato l’attenzione per le forme classiche con l’irriverenza del provocatore, piegando alla fluidità del suo narrare le più rigorose esigenze metriche. Ballate, alessandrini, sonetti e quartine: sono solo alcune delle forme usate lungo gli anni da questo versificatore sfrontato e caparbio. Nei suoi poemetti narrativi, spesso di ampio respiro, si esalta il gusto di raccontare storie spingendole avanti con la sola forza della rima, sintetizzando una tradizione che va da Chrétien de Troyes a George Perros. Autore di prose e romanzi (spesso fortemente autobiografici e in stretta simbiosi con la produzione in versi), con Epopee (2008) lo scrittore belga continua, tra la gloria del verso e lo sfacelo della carne, la perenne riscrittura di quei Fiori del male che lo hanno iniziato alla poesia. Di Cliff le edizioni Kolibris hanno di recente pubblicato il Diario di un innocente.
CARNET D’ADRESSES
barrer des noms dans ton carnet d’adresses
des gens avec qui tu as fait l’amour
et que tu ne reverras plus jamais
par exemple le nommé Chalk Thomas
qui jouait de l’orgue dans des églises
(New York) et que j’avais suivi la nuit
sur l’esplanade du Lincoln Center
l’été de 1976
assis sur un muret de Central Park
et sentant ma main passer sur son cou
il avait penché la tête pour que
mes doigts aussi aillent frôler sa joue
il portait une chemise rayée
quand il marchait son corps étroit élé-
gamment se balançait dans l’air du soir
nous étions encor jeunes à cette époque
et pleins d’espoir pour les années futures
aujourd’hui il ne me reste plus qu’à
barrer son nom dans mon carnet d’adresses
d’autant que ces Yankees ont bien perdu
leur goût d’alors pour les Européens
nous aussi nous en sommes revenus
de notre grande admiration pour eux
même si de temps en temps nous aimons
les rencontrer pour sentir l’air du large
frais et fort qui sort d’eux quand on leur parle
ou bien barrer le nom des Parisiens
qui la nuit nous ont hébergé chez eux
c’est-à-dire souvent dans de petits
deux-pièces où il fallait pour se doucher
se contorsionner tant c’était étroit
se sécher à de douteuses serviettes
ayant servi plus qu’il n’aurait fallu
mettez le goût du café des croissants
et par exemple une fenêtre don-
nant sur les arbres du Père-Lachaise
barrer leur nom dans ce carnet d’adresses
car ils ont depuis lors rencontré nombre
d’autres amis les Parisiens ainsi
ne restent jamais très longtemps dans la
même maison leur vie est évanes-
cente comme toute vie à Paris
ils changent nous changeons aussi ils perdent
leurs cheveux les nôtres deviennent gris
mais Paris ne change pas c’est la ville
la plus immuable du monde et l’es-
prit de Paris est toujours même même
si nos amis n’y sont jamais les mêmes
barrons leur nom dans ce carnet d’adresses
s’ils nous ont été gentils une nuit
ne pas compter sur eux pour d’autres nuits
des noms de Brésiliens noms d’Espagnols
qui ont embelli de nos soirs d’été
par exemple ces amis de Madrid
ceux-là m’ont enseigné comment lutter
contre la chaleur ce me fut utile
quand il fit si chaud (vous vous souvenez ?)
il faut ouvrir la nuit et la journée
fermer fenêtres et rideaux au con-
traire de ce que nous faisons ici
nous ouvrons nos fenêtres “ pour avoir
de l’air ” alors que l’air à l’intérieur
est plus frais qu’au-dehors ils habitaient
ce quartier entre la Plaza del Sol
et le Prado où les rues sont nommées
aux noms des grands auteurs des Siècles d’Or
le Spleen de Madrid ça existe un jour-
naliste d’El País a pris ce titre
pour sa chronique quotidienne l’air
qu’on respire à Madrid dans ce quartier
fait toujours penser à Ramon del Val-
le Inclàn et ses Lumières de Bohème
barrer le nom de ces acteurs ratés
qui avaient peur que je salisse leurs
draps de lit avec mon sperme il fallait
se lever le verser dans du papier…
le nom d’un garçon galicien lequel
me fit prendre le train pour La Corogne
et quand j’y fus il ne s’y trouva pas
huit jours j’errai le long de ces falaises
mordues par le Grand Atlantique enfin
il vint huit autres jours fûmes ensemble
puis à Pontevedra en auto-stop
et quand nous arrivâmes le cousin
dérangé par la drogue nous chassa
de l’île où nous devions aller pour vivre
et sa soeur était au bord du “ collapse ”
dans la maison de famille les tableaux
arrachés de leur clou étaient à terre
tout ça rendait je ne sais quel parfum
– décadence et ancien raffinement –
de bourgeoisie aujourd’hui appauvrie
de rejetons complètement vidés
tu étais un artiste je crois un peintre
la Galice à la peinture est propice
à cause de la lueur qui y règne
lueur de mer hélas ! barrer ton nom
Federico dans ce carnet d’adresses
ton visage ne m’est plus que brouillard
mais pas celui de ton plus jeune frère
qui la nuit dormait dans le grand salon
et moi j’écoutais sa respiration
barrer le nom des amis d’Angleterre
barrer le nom des amis d’Allemagne
les amis de Suède et d’Amsterdam
barrer leurs noms ils ne sont plus utiles
barrerai-je aussi le nom de celui
qui est venu vers moi à Amritsar
il quitte sa famille et vient vers moi
dans le hall de la gare à Amritsar
main dans la main comme font les Indiens
nous marcherons dans les rues d’alentour
essayant un peu de conversation
puis rentrerons lui près de sa famille
moi auprès d’un compagnon de voyage
allant au Pakistan pour voir sa mère
et qui mâchant le rougissant bétel
attachait son oeil lourd à nos bagages
barrerai-je ton nom Yves Bogaert
puisqu’à présent tu as pris femme et que
nous ne te verrons plus te saouler comme
tu faisais autrefois quand tu mettais
les Requiems de Verdi et de Brahms
pour faire l’amour barrer ton nom Yves
mais pas le souvenir des nuits d’hiver
où nous baisions rue de la Croix-de-Fer
nommément je ne vous citerai pas
les noms de tous ceux dont j’ai dû barrer
le nom la liste en est trop longue il s’est
passé que le temps a passé et qu’in-
sensiblement il nous a séparés
sans espoir que nous puissions nous revoir
ou si le temps en jugeait autrement
nous nous retrouverions en état d’hé-
bétude et de totale incompétence
c’est pourquoi il vaut mieux qu’à jamais nous
nous éloignions comme ces noms barrés
dans ce carnet d’adresses destiné
à la poubelle après que j’aurai pris
le soin de recopier dans un nouveau
carnet les noms de ceux qui aujourd’hui
pourraient encore m’être utiles les
amis ne sont amis que s’ils sont bons
à quelque chose sinon autant les
barrer les oublier comme denrées
qui un jour ont pu nous aider à dé-
passer le temps qui nous pousse et nous ronge
je ne le dis pas à mépris Amis
car je garde de vous ce qui de toute
façon reste ineffaçable mais qui
échappe aux mots qui courent pour le dire
AGENDA DEGLI INDIRIZZI
dalla tua agenda cancella i nomi
di quelli con cui hai fatto l’amore
e che certo non rivedrai mai più
per esempio il nome di Chalk Thomas
suonava l’organo in chiesa
(New York) e una notte l’ ho inseguito
sul piazzale del Lincoln Center
nell’estate del ‘76
seduto su un muretto a Central Park
sentendo sul collo le mie dita
la sua testa s’era inarcata
perché gli sfiorassi anche la gota
aveva una camicia a righe
e il suo corpo magro da fighet-
to dondolava nella sera
eravamo giovani a quel tempo
e pieni di speranza nel futuro
oggi me ne resta appena per
barrare quel nome sull’agenda
ora che gli Yankees hanno perduto
per gli Europei il loro interesse
anche noi non abbiamo mantenuto
quelle grandi lodi un tempo espresse
anche se ogni tanto mi piace
rivederlo e sentire quel largo
sano e ampio che emana se gli parlo
meglio barrare quei Parigini
che la notte ci hanno ospitati
cioè eravamo in angusti
bilocali larghi appena a lavarsi
e contorcersi tanto erano stretti
e asciugarsi con dubbie salviette
usate assai più del dovuto
mettici il gusto di caffè e pasta
e ad esempio finestra con vista
sugli alberi del Père-Lachaise
barra nell’agenda il loro nome
hanno incontrato ancora altri
amici Parigini dopo loro
non restano a lungo nella stessa
casa la loro vita è evane-
scente come ogni vita a Parigi
cambiano loro cambiamo noi
loro già calvi noi ancora grigi
ma Parigi non cambia è la città
più immutabile al mondo e lo spi-
rito di Parigi è sempre quello
pur se con amici sempre freschi
cancelliamo il nome dall’agenda
se furono gentili una notte
non contarci per altre notti
nomi brasiliani e spagnoli
che hanno allietato sere estive
per esempio gli amici di Madrid
mi hanno insegnato come si lotta
contro l’afa e mi venne utile
in quel gran caldo (vi ricordate?)
aprire di notte e di giorno
chiudere scuri e finestre al con-
trario di quello che si fa da noi
apriamo le finestre “per fare
aria” mentre l’aria che è dentro
è più fresca che fuori se stai qui
nel lotto tra il Prado e Plaza del Sol
con le strade che prendono il nome
dagli autori del Secolo d’Oro
qui c’è lo Spleen di Madrid un gior-
nalista d’El País intitolò
così un pezzo di cronaca l’aria
che c’è in questo quartiere di Madrid
fa pensare sempre a Ramon del Val-
le Inclàn e alle sue Luci di Bohème
barra il nome di attori falliti
che temevano sporcassi i loro
lenzuoli col mio sperma dovevo
alzarmi e versarlo in un giornale…
il nome di un ragazzo galiziano
per cui presi il treno per La Corogne
e quando fui là non si trovò
per otto giorni errai lungo gli scogli
erosi dall’Atlantico finché
venne e restammo otto giorni insieme
poi a Pontevedra in autostop
e quando arrivammo suo cugino
sconvolto dalla droga ci cacciò
dall’isola che avremmo abitato
la sorella sull’orlo di una crisi
i quadri nella casa di famiglia
tolti dai chiodi erano a terra
tutto dava un non so quale aroma
– decadenza e buon gusto antico –
di nuova borghesia impoverita
e rampolli senza discendenza
eri un artista credo un pittore
la Galizia ai dipinti è propizia
perché vi prevale un chiarore
chiarore di mare ahimè! barrare
anche il tuo nome Federico
il tuo viso non è che nebbia
ma non quello del tuo fratellino
mentre lui dormiva nel salone
ne ascoltavo la respirazione
barra il nome degli amici inglesi
barra il nome di quelli tedeschi
amici d’Amsterdam e di Svezia
barra i loro nomi ormai inutili
cancellerò anche il nome di lui
che venne da me ad Amritsar
lasciò la famiglia e venne da me
là nella stazione di Amritsar
mano nella mano come Indiani
in cammino per le vie intorno
provando un po’ di conversazione
poi si ritorna lui a casa sua
io da un compagno di viaggio che va
a trovare sua madre in Pakistan
e masticando betel rossastro
buttò sui bagagli l’occhio torvo
barrerò il tuo nome Yves Bogaert
perché oggi hai una tua donna e noi
non ti vedremo più ubriacarti
come facevi quando mettevi
un tempo i Requiem di Verdi e di Brahms
per scopare barro anche Yves ma
rue de la Croix-de-Fer la ricordo
con quel bacio e la notte d’inverno
non vi citerò nominalmente
tutti quelli di cui ho dovuto
barrare il nome lista infinita
è passato il tempo ci ha passato
e insensibile ci ha separato
senza sperare in un rivederci
o se il tempo volesse altrimenti
ci ritroveremmo in stato d’ebe-
tudine e completa incompetenza
è perché è meglio che per sempre noi
svaniamo annullati come i nomi
in questa agenda destinata
ai rifiuti dopo aver avuto
cura di copiare in una nuova
agenda i nomi di cui oggi
potrei aver bisogno ancora gli
amici sono amici se capaci
di darti qualcosa se no meglio
barrarli scordarli come derrate
che ci hanno aiutato un giorno a sor-
passare il tempo che spinge e rode
non parlo con disprezzo Amici
perché ciò che di voi conservo
è sempre indelebile ma sfugge
alle parole in corsa per dirlo